mercredi 10 mars 2010

Les petites bêtes

Y a -t-il meilleur endroit pour vivre que Paris pour un chien?  Si je m'en tiens à ce que je vois depuis mon arrivée, je vous dirais que non.  On les aperçoit en grand nombre à toute heure du jour et de la nuit, dans les rues de la ville, dans les parcs et dans tous les quartiers. Il y en a pour tous les goûts: petits, grands, jeunes et enjoués ou vieux et ankylosés qui se déplacent avec difficulté, poil court, poil long, sophistiqués ou plutôt vagabonds.  Certains portent même de petits vêtements dernier cri dès que le temps plus frais se fait sentir. D'autres adoptent des airs de célébrités et ont l'air de sortir  tout droit de chez le coiffeur à voir leur brushing spectaculaire et souvent de mauvais goût.

Comme vous le savez, à Paris les chiens sont rois.  Ces charmantes petites bêtes accompagnent très souvent  leurs maîtres partout où ils vont, que ce soit au restaurant,  dans les boutiques, dans les magasins de grandes surfaces, dans les bus et mêmes dans les avions et plus particulièrement sur Air France.  J'ai même aperçu des stationnements pour chiens où on peut y accrocher la laisse du joli toutou lorsque vous devez aller par exemple chez  le boucher  qui ne partage pas nécessairement  l'amour des chiens mais sans doute est-il un des seuls.  En effet, il est plutôt rare que les quadrupèdes se fassent refuser l'accès à des lieux publics puisqu'après tout ce sont des lieux publics et les chiens n'ont-ils pas tous les droits en France?


Récemment, j'ai pu constater que l'amour que certains Français portent à leurs  bêtes peut atteindre des sommets inégalés. Je suis allée dîner au resto avec l'agent de relocalisation que nous avions engagé dans nos démarches pour trouver un logis et préparer notre arrivée sur le territoire français. Ce dernier était accompagné de sa femme qui est également son associée et de Antoine, un ami de longue date, polytechnicien (!), qu'il désirait nous présenter. Antoine a bossé pour de grosses boîtes et  a maintenant une bizzeness dans le domaine du Karaoké. Cet ami au physique impressionnant avec ses 1,94 mètres avait choisi le resto et pour cause. Il n'était pas seul. Il était accompagné de ses fidèles compagnons: ses deux chiens. Mais pas n'importe quel type de chien, pas de ceux qui passent quasiment inaperçus ou qu'on peut cacher sous la table ou dans un sac. On parle ici de vraies bêtes, de véritables animaux: deux énormes Danois! Non, je ne blague pas. Dans un restaurant! Deux bêtes que leur maître traîne absolument partout. En fait nous avons eu de la chance puisqu'en fait, Antoine n'a pas deux mais quatre chiens, quatre Danois de plus de 1 mètre de haut! Il est toujours accompagné de deux d'entre eux et il alterne pour ne pas créer de jalousie... Celui-ci nous a expliqué qu'il s'est muni de ces chiens après avoir été attaqué puis kidnappé en pleine rue par deux bandits cagoulés qui se sont emparés de sa voiture. Il n'en fallait pas plus, le ton de la soirée était donné.

J'ai fait la connaissance des "Dogs"comme Antoine les appelle fièrement.  Dès mon arrivée, ils se sont empressés de poser leur tête et leur immense gueule dégoulinante d'abord sur le bord de la table (!) et ensuite sur mes jambes (!!), en signe d'affection bien entendu, laissant couler une mer de bave sans que personne n'en fasse un plat. Seul un imperméable aurait été à leur épreuve. Il fallait voir mes multiples manoeuvres pour tenter de m'en débarrasser pendant que Antoine tenait un discours théâtral sur sa bizzeness, ses "Dogs" chéris et l'avenir des futurs polytechniciens. Puis est arrivé le patron du restaurant. Un personnage grivois qui semblait sorti tout droit du film Les Visiteurs, un espèce de Jacquouille la fripouille. De toute évidence, celui-ci n'était nullement incommodé par la présence des "Dogs" et il semblait totalement insensible à l'inconfort que les clients pouvaient ressentir à l'égard de ces bêtes. Antoine nous a d'ailleurs expliqué que rares sont les gens qui se plaignent de ses "Dogs", qui, a-t-il ajouté, l'aident à  rétablir le rapport de force lors des négociations(!) puisque, nous a-t-il candidement avoué, les gens craignent les Dogs si bien qu'ils n'osent dire mot et tolèrent leur présence tant bien que mal. De toute façon ils sont très gentils, nous a-t-il dit.
Je veux bien croire qu'ils soient dociles mais il fallait quand même voir la tête des clients des tables voisines lorsque les "Dogs" sont gentiment allés leur faire une visite de courtoisie comme pour les saluer au passage, la politesse étant de mise... À voir leurs têtes, je peux vous assurer qu'ils n'avaient pas l'air plus enchanté qu'il le faut et malgré l'inconfort et le malaise palpable, en aucun temps ils n'ont osé se plaindre même lorsque, à mon grand bonheur, les sculpturales Sexy et Volupté ont établi leur campement sous leur table et se sont allongées de tout leur long...

À mon grand étonnement je dois dire que nous avons très bien mangé, ce dont je doutais beaucoup vu les circonstances et le fait que ce lieu bien que public et intérieur avait des airs de fumoir à y voir les gens griller les clopes les unes après les autres au vu et au su de tous, incluant le patron.

Je dois dire que j'avais du mal à contenir ma stupéfaction tellement la situation était surréaliste et loufoque. Mais là encore je n'avais pas encore tout vu. Vers la fin de la soirée alors qu'on s'apprêtait à quitter, les "Dogs" de Antoine semblaient avoir disparu. Ils n'étaient ni avec nous ni près des clients voisins. Mais où pouvaient donc être passés les immenses chiens? Alors tenez-vous bien, ils étaient dans les CUISINES mes amis, dans les CUISINES! Je vous avoue que j'ai été prise d'un malaise et d'un énorme fou rire. Plus rien ne pouvait me surprendre: des chiens dans les cuisines d'un resto, avouez qu'il faut le faire. Heureusement que j'avais décidé de passer mon tour pour le dessert.

À la sortie du resto, l'ami Antoine nous a tous salués et s'est éloigné vêtu d'une longue cape et de longues bottes toujours accompagné de ses "Dogs".  Il  a disparu dans l'épais brouillard qui enveloppait la ville, retournant simplement d'où il était venu, d'un pas assuré suivi de ses fidèles écuyers, me laissant sous la vague impression qu'un tel personnage n'existe nulle part ailleurs qu'à Paris.

3 commentaires:

  1. Ciel que tu m'as fait rigoler ce matin! Encore une chance que Sexy ou Volupté n'a pas voulu "échantillonner" ton plat à table! Avoue qu'elles ont quand même un certain sens du décorum...
    Faut que j'en parle à M. Bill! Bien qu'il soit un petit shih-tzu d'à peine 5 kilos, il est un grand Danois dans l'âme! Je suis bien certaine qu'il aurait fait copain-copain avec tes 2 invités-surprise...
    Bonne semaine sous le ciel parisien!

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  2. haaaa mon Dieu ! l'allergique et l'asthmatique en moi étouffe déjà! non mais la salubrité du mobilier au moins ;) l'air... j'imagine qu'il y a des fenêtres d'ouvertes ? Cet endroit est à proscrire pour moi.. ça, c'est certain!
    Heureuse de te lire et j'adore le sarcasme de ton humour ;) à très bientôt! klo x

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  3. oh la la, difficile à croire qu'on tolère ça dans un resto! Je comprends ton désarroi d'autant plus que je te lis en prenant mon lunch. Décidemment, on préfère Tapas!

    J'espère que tu vas bien malgré ce froid canadien!!

    comme ils disent chez toi "bisous bisous"
    amp

    ps: vas-tu nous raconter les olympiques?

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