jeudi 17 décembre 2009

Ras-le-bol des Costes?

Les frères Costes sont à Paris une véritable institution.  Je parle, vous l'aurez deviné, des Costes du légendaire  Hôtel Costes ayant élu domicile au 239 rue St-Honoré, qui en passant se prononce CostE et non Costaisse.  C'est l'histoire de deux frères, Jean-Louis et Gilbert, l'un homme d'affaires avec un excellent cardex et l'autre avocat de formation puis juge consulaire et président du tribunal de commerce de Paris, pas un brin espagnols mais plutôt d'Auvergnats.  À deux, ils ont réussi là où plusieurs ont échoué.  Ils ont réinventé les troquets parisiens et cartonnent à fond depuis 25 ans en mixant la formule bistrot, café, bar et en  les transformant en des lieux élégants et modernes que les pipoles se sont rapidement appropriés pour un dîner entre amis ou pour y terminer leurs soirées interminables.

La première fois que je suis allée à l'Hôtel Costes, j'ai été séduite par le lieu, son odeur, son décor de style Napoléon III, à la fois moderne  et chaleureux de l'architecte Garcia.  Évidemment je ne peux passer sous silence  la musique qu'on a pris soin d'immortaliser en 1999 avec leur première "compil", qu'on adore.  Et  bien sûr il y a  la magnifique cour intérieure à l'italienne sans oublier son légendaire tigre qui pleure que j'ai pu apprécié.  Je tiens à souligner par ailleurs que la paternité de ce plat n'appartient pas aux Costes mais au restaurant Thiou, m'a précisé à juste de titre  un ami bien informé.

Je savais bien que les frères Costes avaient du flair et qu'ils comptaient à leur actif plusieurs lieux où le personnel, le décor et l'atmosphère sont minutieusement étudiés, choisis. Je croyais alors qu'il n'en existait que 3 ou 4 tout au plus. Toutefois, l'exercice de charme rodé au quart de tour par son personnel stylé et séduisant a perdu de son éclat le jour où une belle grande minette à la voix mielleuse  a versé  du vin dans le verre d'eau d'un ami (maître québécois de la restauration) alors que son verre n'était pas vide (!) et sans même prendre le soin de remplacer le verre, encore moins d'apporter une autre bouteille lorsque gentiment informée de son erreur!  Jean-Louis et Gilbert auraient probablement été déçus d'apprendre cet incident mais qui sait.

En effet, après quelques visites j'ai été forcée de constater que le service manque de rigueur et de savoir faire, qu'on entretient l'inaccessibilité de l'endroit en changeant constamment la façon de réserver alors que...  Pire encore, imaginez un peu mon désenchantement lorsque j'ai réalisé que  dans la seule région parisienne on peut retrouver le  tigre qui pleure  à non pas moins de 45 adresses Costiennes!  Eh oui, vous avez bien lu, j'ai bien écrit Quarante-Cinq cafés Costes à Paris.   Un véritable resto concept.  D'accord soyons honnêtes, je veux bien admettre qu'à priori on ne vient pas chez les Costes pour la gastronomie.  Et oui Jean-Louis et Gilbert ont eu du flair et ont rapidement réalisé qu'ils détenaient un bon filon en ciblant des endroits hypes et en confiant notamment leur déco à des architectes réputés à commencer par Philippe Starck qui fut chargé de la réalisation du premier Café Costes  ou encore  Olivier Gagnère (Café Marly), Inda Madhari (Germain) ou Christian Liagre (La Société) et qu'ils l'ont exploité mais là il y a de l'abus!  On pourrait à la rigueur comparer un jour cette institution à  une banale chaîne de restauration  à la façon McDonald où le client est assuré de retrouver dans son assiette  le même menu partout où passent les frères Costes! Ont-ils été affligés d'amnésie pour oublier que Paris est la cité de la gastronomie? À  mon humble avis dans leur recette miracle,  nos amis ont négligé quelques  ingrédients essentiels pour assurer leur longévité dont l'exclusivité,  l'authenticité (vous auriez du voir ma tête lorsque j'ai réalisé  que le décor en bois rond du Murat était du faux... moi qui adorais tellement cet endroit) et de reconnaître que la créativité ne se limite pas à des décors et des lieux  mais qu'elle a plus que sa place dans la cuisine.

Malgré ma  déception, la réalité c'est qu'on ne déteste pas s'arrêter au 239 rue St-Honoré, adresse mythique s'il en est une, où vous pourrez peut-être  y apercevoir Monica Belluci ou encore Johnny Depp dans une petite salle tout au fond qui donne sur la cour intérieure à l'abri des regards indiscrets  mais au lunch uniquement puisqu'en soirée et  les week ends vous n'y trouverez que des touristes.

Alors, si j'étais vous, je ferais trois  choses:  je baisserais mes attentes, je privilégierais le late lunch sur semaine et avant d'aller dans un resto branché, je vérifierais  la carte pour éviter de tomber immanquablement sur un des 45 tigre qui pleure et garder ainsi une belle image des deux frères qui jadis ont décidé de réinventer les bistros parisiens et l'ont fait avec succès.

2 commentaires:

  1. Excellente critique ! Hummm, je décèle dans ton plus récent blogue un vocabulaire de plus en plus Parisien !!!

    Merci de nous faire partager tes expériences !

    Richou

    RépondreSupprimer
  2. I like your style.

    Un de tes nombreux fans Québécois...

    Sean.

    RépondreSupprimer

Rechercher dans ce blog