samedi 3 octobre 2009

Les plaisirs du marché

Paris est sans conteste la cité de la gastronomie, la ville où le nombre de restaurants affichant ses étoiles Michelin ne se compte plus, la ville où le nombre de grands chefs se multiplie. Bref, Paris est la métropole où manger est synonyme de plaisir de la vie mais il y a plus: il y a le marché.

Bien sûr des marchés d'alimentation à grande surface ça existe à Paris. Fort heureusement, ceux-ci n'ont pas supplanté les marchés publics où la fraîcheur des aliments n'a d'égal que les produits de la terre fraîchement cueillis. C'est dans ces marchés qu'on retrouve Roger le boucher, Gilles le fromager ou ce grand gaillard de poissonnier qui ne demande qu'à nous servir et nous faire connaître les nouveaux arrivages puis partager sa passion du métier. Ce sont de véritables artisans. Des artisans comme il ne s'en fait plus. Ils sont passionnés de leur métier, épicuriens, curieux de savoir ce que vous rechercher, comment vous compter apprêter votre viande, le repas que vous servirez et bien sûr ne pouvant résister, ils y vont de leur petit grain de sel....


Difficile de résister aux fines de claires qui goûtent la mer, aux oursins onctueux ou encore aux souris d'agneau (ou mieux connus au Québec sous le nom de jarrets) soigneusement coupés ou au foie de veau qui ne laisserait personne indifférent même un végétarien! !

Mais ces chers artisans ont tout de même leur gros défauts, entre autre les heures d’ouverture. Bien qu'ils ouvrent très tôt le matin, ne vous surprenez pas de vous frapper le nez sur une porte close entre 12h00 et 13h30 ou après 15h30. Aussi, vous avez avantage à savoir que dans plusieurs quartiers le dimanche tout ferme à compter de 14h00 ainsi que les lundis, ce qui peut rendre la planification du dîner du dimanche soir pour le moins hasardeuse ou pire encore devenir la source d'un stress réel quand vient le temps de préparer les lunchs du lundi pour les enfants et qu'on réalise soudainement que les dépanneurs n'ont pas encore vu le jour en France!

J'ai aussi constaté qu'on mettait bien peu ou pas de préservatifs dans les aliments, ce qui explique probablement leur fraîcheur mais également le fait que tout mais vraiment tout pourri à la vitesse de l'éclair, croyez moi, j'en ai fait l'expérience à plus d'une reprise. Eh il y a aussi les formats. Ici, tout est plus petit, mini, mignon mais vraiment petit. Pas surprenant que les parisiennes soient si minces!

Non seulement ici tout est plus petit mais tout est également toujours un peu plus compliqué, comme par exemple quand vient le temps du paiement. Il y a sans doute quelque chose que je n'ai pas très bien saisi avec leur façon de faire. Une fois la viande coupée et la commande terminée, on vous donne d'abord un ticket sans votre paquet. Puis on on vous envoie chez madame la caissière qui semble tout droit sortie du Québec profond des années 60. Une fois le paiement effectué, on vous redonne votre ticket et là vous devez déduire, puisque personne ne vous l'explique, que pour récupérer votre viande vous devez retourner auprès de votre boucher, et c'est seulement là, sur nouvelle présentation de votre ticket, que ce dernier vous remettra votre paquet savamment enveloppée de papier brun. 

C'est un peu comme si ces chers artisans ne pouvaient s'abaisser à des considérations purement commerciales ou monétaires et n'osent prendre le paiement de leurs clients, geste si vulgaire s'il en est un! Dans un monde où les gens disposent de tout le temps du monde, le paiement revêt une forme de rituel qui rend certes l'expérience du marché plus unique. Toutefois, la réalité des choses étant toute autre, vous imaginez un peu le chaos généré par ce gentil rituel lorsque la place est bondée de parents accompagnés de leurs bambins sans oublier leurs chiens par dessus tout. Un sacré bordel!

Une fois ces irritants passés puisque j'ai vite compris que j'avais intérêt à les accepter rapidement pour m'éviter de nombreuses colères et montées de lait sachant pertinemment que je n'avais aucune chance de remporter cette bataille, aller au marché constitue une véritable expérience culinaire qui vaut nettement mieux que les trop nombreux cours de cuisine sans odeur ni saveur. Ici , ces artisans non sans défaut, offrent la fraîcheur des produits et ne demandent qu'à partager avec nous leur amour des aliments, la base même de l'art de cuisiner.


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