jeudi 7 avril 2011

À Moi Paris

«Wow! Paris, quel rêve! Tu en as, de la chance. Si je le pouvais, j’irais vivre là-bas demain matin.»

Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase. Paris a toujours fait partie de mon imaginaire. Dans mes rêves les plus fous, je me voyais étudier ou vivre dans la Ville lumière. Je m’imaginais passer des heures interminables dans les cafés, tomber amoureuse d’un Didier ou d’un Thierry (ou des deux, qui sait?), être aux premières loges des nouvelles tendances de la mode, découvrant Paris avec un nouveau regard, celui d’une vraie Parisienne.

Août 2009: me voilà marchant sur la rue du Cherche-Midi en direction du Bon Marché mais, cette fois, quelque chose a changé. Je déambule dans les rues de Paris… avec mon chien! Mais qu’y a-t-il de si spécial à se retrouver avec son chien à Paris, capitale nationale des chiens, me direz-vous? Justement, c’est qu’une touriste se promène dans Paris avec une carte et un guide touristique, pas un chien. Sans doute à cause de mon chien, il y a même une dame, française par surcroît, qui m’a interceptée pour me demander des directions. Donc, cette fois c’est vrai, je n’ai pas rêvé, je me suis bel et bien installée à Paris.


Quand l’opportunité s’est présentée, j’ai sauté dessus sans hésiter. Le contraire aurait été surprenant. Après tout, Paris, c’est Paris. À moi, les grandes expositions, les fringues dernier cri, l’art contemporain, les bistrots, la Place des Victoires, le Marais. Avec un peu de chance, je croiserais peut-être la belle Vanessa Paradis et son beau Johnny, le fabuleux Vincent Cassel ou Guillaume Canet. Comment résister?



Mais l’enthousiasme du départ a sournoisement fait place à une certaine angoisse que j’avais du mal à m’expliquer. Pourtant, Paris, c’est quand même pas la Chine! Je me répétais sans cesse que je partais en terrain connu chez nos cousins français, avec qui nous partageons tant de choses et, surtout, une même langue.

Évidemment, je n’étais pas non plus autorisée à partager mes états d’âme avec mes amies, elles qui ne cessaient de me répéter:


– Paris! Mais c’est fooormidaaaable. Chanceuse! Si tu savais comme je t’envie. J’ai tellement hâte d’aller te visiter.


Et moi qui avais juste envie de leur crier:


– J’ai le vertige!


Rapidement, le compte à rebours et le tourbillon infernal du grand déménagement a débuté: se départir de tout — enfin presque —, faire des boîtes, chercher un appartement, louer la maison, acheter une cage pour le chien, organiser le transport du chien, remplir d’interminables formalités administratives, des boîtes et encore des boîtes, vider, jeter… Et puis le grand départ est arrivé.


Paris Charles de Gaulle. Me voilà enfin arrivée dans ma nouvelle ville d’adoption.


Le douanier me jette un regard furtif sans poser la moindre question, et ce, malgré que j’arrive avec une mer de valises et mon chien.


Bam! Un simple coup de tampon suffit.


– Voilà, bonne journée.
– C’est tout?


– Ouais, me répond-il, un peu étonné de ma question.


«Eh ben…» Ça change des douanes canadiennes…

Après une première journée exténuante à monter et à descendre des bagages dans les microascenseurs avec porte en accordéon grillagés, pas trop rassurants d’ailleurs, et à tenter de m’organiser un peu dans ce chaos, j’ai décidé d’aller au lit avec la ferme intention de me reposer un peu et de faire la grasse matinée.



– Mais qu’est-ce que c’est que ce vacarme infernal? Quoi, les vidanges? Mais ils sont complètement malades. Je rêve ou quoi?


C’est samedi et il est 6 h du matin. Je veux bien croire que Paris soit obsédée par sa propreté mais, de grâce, pas le samedi, et encore moins à 6 h du matin. Avouez que c’est intense.

Dans les jours suivant mon arrivée, j’ai eu droit à mon premier choc: l’élégance de la Parisienne. Je m’y étais préparée mais j’avais nettement sous-estimé la situation. En quelques mots, les cuissardes et les talons hauts sont partout. Pour les chaussures, trois règles prévalent: hauteur, hauteur, hauteur! N’en déplaise aux pieds sensibles qui sont mis à rude épreuve sur les trottoirs en pavés et en dévers, puisque ici on marche pour faire les courses, on marche pour aller au travail, on marche pour sortir, on marche, on marche, on marche. C’est peut-être pour cette raison que les Parisiennes arrivent à rester si minces malgré le vin, les frites et le tartare.



Aussi, j’ai compris que le look Lululemon et les souliers de course ne sont ABSOLUMENT PAS une option même lorsque vient le temps de faire les courses le matin. Croyez-moi, je l'ai appris à mes dépens. La Parisienne est élégante, peu importe l’heure du jour et l’endroit où elle se trouve. Ayant laissé mes escarpins derrière, faute de place, j’allais devoir trouver une solution pour suivre le rythme des Parisiennes. Heureusement, une visite au rayon des chaussures de 3200 m2 des Galeries Lafayette m’a permis de régler rapidement le problème.

De plus, à Paris, on s'habille en fonction de la date et de la saison, et non selon le temps qu'il fait. Ainsi, dès le 15 septembre, qu'il fasse 12 ou qu'il fasse 25 °C, vous croiserez des Parisiennes portant leur doudoune en plume, leurs fourrures, leurs écharpes de lainage et leurs bottes doublées en mouton!



Et que dire du Parisien? Lui aussi s’habille avec élégance: il aime les belles chaussures et ne sort jamais sans sa veste ni son polo griffé. On reconnaît le Parisien à ses cheveux longuets, à son imper ou son pull porté négligemment sur les épaules.


– On est loin de la casquette de camionneur à l’envers… et du jeans immense porté à mi-fesses.


Je dois dire que le charme des Parisiens faisait son effet et ne me laissait pas du tout indifférente. Au contraire...


Bien sûr, les Français ont la réputation d’être râleurs, mais ça fait aussi partie de leur charme.



Quoique certains en pensent, les Parisiens, qui au premier abord nous semblent stressés de nature, sont toujours prêts à profiter des plaisirs de la vie. Ils aiment sortir et festoyer. Tous les prétextes sont bons pour se retrouver autour d’un verre pour discuter ou s’amuser entre amis quelque soit le jour de la semaine. Ils boivent du vin quasiment tous les jours… mais ne sont jamais trop éméchés. Pour eux, le week-end est synonyme de repos. Le samedi, c’est le jour des courses. Ils envahissent les nombreux marchés de quartier et ne manquent pas de passer chez leur boucher et leur fromager préférés ainsi que chez le fleuriste du coin.

Le dimanche, pas question de courir les boutiques ou de faire les courses. Tout est fermé, sauf dans le Marais. Ne reste plus qu’à faire comme eux et faire une longue marche au jardin du Luxembourg ou le long du canal Saint-Martin. Vous les trouverez aussi au parc, livre ou journal en main, ou disputant une partie d’échecs. Quel bonheur!


J’ai aussi réalisé que Paris vit au rythme des saisons. À mon arrivée en août, le beau temps était au rendez-vous, le soleil, radieux, mais les rues étaient complètement désertes. En août à Paris, ne cherchez pas, il n’y a que des touristes. Les Parisiens ont quitté la ville, ils sont tous en vacances. Puis arrive le mois de septembre, et ils réapparaissent de nouveau stressés et prêts à changer le monde.

Après quelques jours à rester coincée dans des bouchons sans fin, j’ai découvert que le seul moyen de transport efficace pour circuler en ville est le Vélib (le père du Bixi) ou le scooter, au risque de sa vie… Quant aux taxis, ils sont chics, certes, mais là n’est pas le problème. Le hic, c’est qu’ils sont introuvables ou jamais libres. Je me suis donc empressée de me procurer une super bicyclette de ville pour circuler en vraie Parisienne entre les voitures, les scooters et les bus…

En dépit de la fatigue et de l’essoufflement du déménagement, j’étais plutôt enthousiasmée par cette nouvelle aventure qui commençait, sachant combien les Français affectionnent leurs petits cousins québécois. Jusqu’à ce que je remarque qu’à chacune de mes rencontres avec eux, la conversation débutait très souvent par la phrase:


– Ah, bonjour madame! Vous êtes Canadienne? Ça s’entend, c’est sympathique!


Après une quinzaine de fois, je dois avouer que ça commençait à m’irriter un peu, beaucoup… Je n’étais quand même pas la première Québécoise qui débarquait à Paris! Ils devaient avoir l’habitude. Du coup — comme ils se plaisent à dire —, j’ai réalisé que cette belle aventure me réservait sans doute de nombreuses surprises qui me feraient voir et connaître Paris avec un nouveau regard.



1 commentaire:

  1. Bonjour chere Cousine,
    C'est avec grand plaisir et interet que je decouvre votre regard bienveillant et amuse sur Paris et ses habitants.
    Nee dans le nord de la France, j ai immigre a Paris a l'age de dix ans. Le hasard m a permis de rencontrer le pere de mes deux fils, un americain des Etats-Unis. J'ai donc habite Tampa, en Floride ou nos deux fils sont nes, avant de revenir en France en raison de changements familiaux.
    Mes fils ont suivi leurs etudes secondaires en France et sont repartis vivre en Floride (ou je viens de les retrouver pour les fetes).
    Je vis a Paris avec mon fidele bouledogue francais et mes deux chats.
    Je forme pour vous tous mes voeux>

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