lundi 9 mai 2011

Histoire de Cheveux

Ce n’est pas parce qu’on est coiffeur à Paris qu’on est nécessairement doué en la matière. Moi je n’y crois pas. Lorsqu’il est question de cheveux, ma courbe de stress peut rapidement prendre des allures de stalagmites. Certains vous diraient, à tort évidemment (mon amoureux y compris), que j’ai une espèce d’obsession en ce qui a trait aux cheveux. Disons plutôt que je ne suis pas du genre à dire à un coiffeur que j’ai envie de changer de tête ou de couleur et qu’il me surprenne. Pas du genre du tout. Mais alors pas du tout! J’admire celles qui se prêtent au jeu. Moi, je ne peux pas. J’ai beau me répéter que des cheveux, ça repousse, mais rien n’y fait: je stresse dès le moment où je m’assois sur la chaise du maître. Je n’ai pas aidé ma cause lorsque, quelques jours avant mon départ j’ai fait partager mon angoisse de ne pouvoir trouver un coiffeur digne de ce nom à mon arrivée à Paris. Je sais, je sais, aucun bon sens! Mais j’angoissais, au grand désespoir de mon amoureux, qui avait du mal à montrer de l’intérêt pour ce sujet alors que nous étions sur le point de nous lancer dans une aventure excitante: vivre à Paris, capitale de la mode et de la culture.


En fait, je suis une brune aux cheveux longs et je veux le demeurer. Simple, non? Eh bien justement non, croyez-moi! Ce que je craignais, c’était de tomber sur un coiffeur coloriste animé par un désir fou de rehausser mes reflets roux, comme ça m’est si souvent arrivé, et de rafraîchir ma non-coupe dans un style plus tendance ou asymétrique moderne...

Dès mon arrivée, je me suis donc empressée de commencer mes recherches en vue de trouver un coiffeur. J’ai fait quelques essais d’abord du côté de Saint-Germain-des-Prés, où se trimballent Inès de La Fressange et autres Sophie Marceau, puis j’ai lorgné du côté du Marais, l’épicentre du baba cool, sans succès. Heureusement que je n’y allais que pour un brushing! Puis je me suis souvenue d’un salon qui m’avait été chaudement recommandé par une copine qui a habité Paris pendant 10 ans et qui y a fait du mannequinat, comme on dit dans le métier. Ne disposant plus que de 15 jours sur les trois petites semaines que je m’étais allouées pour régler ce dossier chaud s’il en est, je me suis lancée, sachant très bien que le temps pressait.

Me voilà dévalant la très chic rue Saint-Honoré, un vendredi de grisaille, pressée de trouver ZE coiffeur et convaincue que je battrais mon record de prix. Paris étant Paris, j’appréhendais le pire.


Arrivée à bon port, je me suis engagée dans une petite ruelle qui donnait sur une cour arrière où se trouvait l’atelier en question... pour découvrir un salon qui s’apparentait davantage au film Across the Universe qu’à l’idée que je m’étais faite du salon parisien moderne, ultra-branché, aseptisé.

J’y ai rencontré Olivier, coiffeur très gentil qui se chargerait de mon brushing pour commencer — évidemment, puisque dans le dossier cheveux, je ne suis pas du genre à donner carte blanche, même aux Parisiens, dont la réputation n’est pourtant plus à faire côté fashion et coiffure... Olivier m’a parlé de sa vision du Canada, il ne connaissait pas beaucoup le Québec, mais quand il s’est mis à parler de cinéma, j’ai vu ses yeux s’illuminer! C.R.A.Z.Y., La grande séduction, Les invasions barbares, il les avait tous vus et en parlait avec une grande admiration. Quelle joie et comme j’étais fière! La table était mise.

Alors que j’étais installée au lavabo, une fille magnifique s’est approchée doucement. Sept pieds de jambes, visage ovale, yeux azur, vous voyez le genre...

Puis elle s’est adressée à moi avec un accent bien pointu et néanmoins léger, puis m’a dit de sa voix douce et mélodieuse:

— Bonjour, je suis Fleur. Enchantée.

— Bonjour, lui ai-je dit à mon tour.

— Qu’est-ce que c’est, votre couleur? Vous la faites vous-même ou en salon?

Grr... Moi de répondre, un peu irritée:

— Non, non, en salon.

— Ah? a-t-elle enchaîné avec un air qui frôlait l’innocence. Vous aimez ça, les reflets acajou?

Imaginez un peu mon air! Je ne la connaissais même pas et, sans prévenir, la voilà qui piquait directement mon point sensible: MES CHEVEUX et leurs reflets roux que je déteste au plus haut point. Et ce, trois secondes à peine après la première parole! Cette FLEUR séduisante, dont la chevelure révélait un châtain clair parfait SANS l’ombre d’un reflet roux, m’agaçait déjà. Dès ce moment, j’ai su qu’elle et moi, nous ne pourrions vraisemblablement pas nous entendre. Impossible.

Conservant le peu de calme qu’il me restait et m’efforçant d’adopter un air très cool, je lui ai répondu:

— Non, pas vraiment. En fait, j’essaie de les atténuer.

«Bien joué, le sujet est clos», me suis-je dit en moi-même.

Mais je me suis surprise à poursuivre, m’entendant soudainement lui dire: «D’ailleurs, qu’est-ce que c’est que votre couleur?» Comme si j’étais soudainement possédée par l’au-delà.

— Ah? Eh bien, moi, a-t-elle tout bonnement répondu, c’est écureuil! Si vous voulez, je peux vous arranger ça!! Sur le coup, j’étais surprise. J’étais persuadée que vous appliquiez une recette maison.

Ahhhhh!!! Quelle horreur! Je ne répondais plus de moi... Je pouvais à peine imaginer la tête que mon coloriste montréalais aurait faite s’il avait entendu ça.

Et qu’est-ce qu’une Parisienne pouvait bien connaître de la couleur des écureuils? Ça me semblait évident qu’elle n’avait jamais mis les pieds au Québec...

De peur de me retrouver avec un look écureuil du mont Royal, qui se rapproche davantage de la mouffette que d’un marron chaud, j’ai remercié Fleur pour ses précieux conseils et je me suis résolue à poursuivre mes recherches avant de lui confier ma tignasse.

À suivre.

3 commentaires:

  1. Ce site est très informatif.
    Merci.Continuez!
    bisous
    Je suis Robson Rocha, je suis styliste au Brésil. Je suis fou de mode et je fais de cela une manière d'expression.
    J'accompagne toujours votre blog et j'aime beaucoup votre travail. Moi aussi, j'ai un blog où je montre mes créations de mode. je voudrais vous préseter mon blog www.zoedegaia.blogspot.com
    Je vous remercie de votre attention.
    Robson Rocha.

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  2. Merci! Je viens de visiter ton blog. Très intéressant et belle présentation. À vous de continuer!
    J

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  3. Bonjour Josee,
    Ex-parisienne, je suis maintenant expatriee au Canada depuis presque 2 ans... et toujours a la recherche d'un bon coiffeur. Etant, comme toi, une "control freak" de ma coupe de cheveux, je me demandais si tu aurais par hasard de bonnes adresses de coiffeur sur Montreal / Toronto...
    Merci et bravo pour ce superbe blog!
    Paris me manque! :)
    Sonia

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